La méthanisation est en plein essor depuis une dizaine d’années. Plus de 500 sites de production de biométhane injectent du gaz renouvelable dans les réseaux gaziers français.
Si la méthanisation contribue au verdissement de l’énergie gaz et à la transition énergétique, elle possède également un intérêt majeur pour l’agriculture. En effet, le digestat, résidu de la méthanisation des matières organiques dans les « digesteurs », peut être valorisé et utilisé par les agriculteurs comme engrais pour préserver et améliorer le rendement de leurs cultures.
Le type de digestat varie la nature des intrants méthanisés et selon le type de méthanisation (sèche ou humide, rapide ou lente...) :
Il est également possible de mettre en place une séparation des phases solides et liquides afin d’obtenir les deux variétés de digestat aux propriétés amendantes pour l’une, fertilisantes pour l’autre.
Le digestat une fois stabilisé va être alors utilisable comme fertilisant ou comme amendement organique pour les terres agricoles. Le digestat est adapté à tous types de sol, en respectant les doses réglementaires définies selon le type de culture et des périodes de passage, identiques à celles d’un plan d’épandage classique avec des effluents d’élevage.
Un digestat de qualité améliore ainsi le rendement agricole en apportant des nutriments et en contribuant à entretenir ou restaurer l'humification des sols.
Les exploitants agricoles sont confrontés à des contraintes plus ou moins fortes en matière de digestats et d’intrants. Certains produits d’origine industrielle ne sont pas conformes aux exigences des cahiers des charges pour l’utilisation du digestat par les agriculteurs. C’est également le cas pour les digestats issus de boues de station d’épuration dont la réglementation particulière se distingue de celle qui concerne les digestats purement agricoles issus d’effluents d’élevage, de végétaux ou de résidus de culture.
La réglementation a été renforcée concernant la volatilisation de l’azote. Le digestat contient davantage d’ammoniaque directement utilisable par les plantes que les effluents d’élevage par exemple. L’azote contenu est alors très volatile et pourrait dégager de l’ammoniac dans l’atmosphère. Il est donc obligatoire de couvrir toutes les fosses de stockage de digestat et de l’épandre idéalement avec des enfouisseurs, en tenant compte de la météo.
En agriculture biologique, les contraintes sont également très drastiques en ce qui concerne l’utilisations de matières fermentescibles. Dès qu’un ingrédient non utilisable comme fertilisant en agriculture bio est employé dans un méthaniseur, l’ensemble du digestat produit n’est plus utilisable sur des cultures bio. Les intrants utilisables sont les effluents d’élevages conventionnels, à condition que ces élevages respectent certains seuils, et les biodéchets alimentaires des ménages triés à la source. En revanche, les déchets issus des producteurs professionnels tels que la restauration, les entreprises agro-alimentaires ou encore les grandes surfaces alimentaires sont prohibés.
La valorisation agronomique des digestats issus de la production de biométhane participe à l’économie circulaire des territoires. Les agriculteurs méthaniseurs produisent leur propre engrais organique et améliorent ainsi le rendement de leurs terres.
C’est donc un cercle vertueux et un enjeu majeur pour favoriser la production agricole, en souffrance ces dernières années face aux changements climatiques (températures en hausse, sécheresse, intempéries..).
La méthanisation et son sous-produit, le digestat, s’inscrivent donc comme des solutions d’avenir à la fois pour la transition énergétique, mais aussi agricole. Le digestat contribue à améliorer le rendement agricole et il crée une dynamique économique territoriale.
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