Le mois dernier, la France s’est opposée à la révision de la directive RED III (Renewable Energy Directive). Elle édicte l’ensemble des obligations imposées aux pays membres de l’Union européenne, notamment sur la proportion d’énergie produite à partir de ressources renouvelables (éolien, solaire, hydraulique, biomasse…).
La France réclamait des modifications du texte car elle souhaite pouvoir utiliser ses centrales nucléaires pour fabriquer de l’hydrogène bas carbone et le comptabiliser comme d’origine renouvelable. Un point de désaccord qui génère des tensions et d’intenses négociations entre les Etats membres.
Telle était la déclaration début juin du ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire lors d'un colloque, sur fond de désaccords franco-allemands sur le rôle de l'atome dans la nouvelle stratégie énergétique européenne.
La France veut miser sur les avantages compétitifs de l’énergie nucléaire. La promulgation de la loi sur la relance du nucléaire va ainsi permettre la construction de 6 nouveaux EPR, avec une option pour 8 supplémentaires.
«Le nucléaire français n'est pas négociable et ne sera jamais négociable. Il faudra faire avec et nous sommes convaincus qu'il est non seulement dans l'intérêt de la France, mais également dans l'intérêt du continent européen», a ajouté le ministre.
La France et les pays de l’est de l’Europe estiment que l’enjeu principal demeure la décarbonation du mix énergétique européen et la réduction des gaz à effet de serre, quand les autres pays membres veulent accélérer sur les énergies renouvelables.
Le futur de l’atome en Europe suscite donc des divergences fortes entre les pro et anti-nucléaire. Cette opposition s’était matérialisée par la création par la France d’une alliance du nucléaire, regroupant une quinzaine d’États, faisant face à l’Allemagne et aux autres pays partisans des énergies renouvelables.
Berlin reconnaît des « approches différentes dans la politique énergétique, particulièrement sur le nucléaire », énergie abandonnée par nos voisins outre-Rhin. Cependant, elle ajoute ne « pas pouvoir accepter que l'énergie nucléaire soit définie comme renouvelable ».
Depuis des mois, Paris et Berlin sont divisés sur le rôle du nucléaire dans la future réforme du marché européen de l'électricité. «L'Allemagne a indiqué qu'elle respecterait les choix français en matière énergétique, c'est une bonne nouvelle», a commenté Bruno Le Maire. «Nous avons toujours respecté les choix allemands et il ne me viendrait pas à l'idée, comme ministre de l'Économie et des Finances, d'aller critiquer les choix énergétiques de telle ou telle nation», a-t-il encore indiqué.
Après plusieurs semaines de négociations sur fond de tensions entre le couple franco-allemand, les diplomates européens ont finalement trouvé un compromis sur la directive énergies renouvelables.
L’Union européenne se fixe l’objectif de relever la part des énergies renouvelables à 42,5 % de sa dans sa consommation globale d’ici à 2030. Pour Agnès Pannier-Runacher, cet objectif va donner de « la visibilité aux investisseurs » et va permettre à l’Europe de se positionner « comme leader de la transition énergétique pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 ».
Autre point crucial pour la France et les partisans du nucléaire : la reconnaissance du nucléaire dans l’atteinte des objectifs de décarbonation de l’Europe. L’accord va permettre à la France de diminuer sa part d'hydrogène renouvelable en produisant de l'hydrogène bas carbone issu d'électricité nucléaire.
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