La solidarité énergétique européenne figure dans le traité de Lisbonne de 2007. Elle a pour objectif le maintien d’une coopération des pays européens en cas de tensions d'approvisionnement en gaz ou en électricité. Un accord a de nouveau été signé le 26 juillet entre les chefs d'Etat européens, pour rappeler le principe de solidarité indispensable entre les pays.
Dans le cadre de cette solidarité, un accord politique a été conclu entre Emmanuel Macron et Olaf Scholz, le chancelier allemand, pour que nos deux pays bénéficient de « la solidarité européenne en matière d'électricité dans les semaines et les mois qui viennent ».
C'est aussi la solidarité énergétique qui a poussé cet été les 27 pays de l’Union européenne à s'entendre sur le principe d'une réduction "volontaire" de 15% de la consommation de gaz naturel jusqu'à mars 2023.
Plus de 400 interconnexions relient les Etats européens entre eux, leur permettant de s’échanger du gaz et de l’électricité en permanence, selon leurs besoins. C’est particulièrement le cas pour l’électricité, où les besoins des pays peuvent différer selon les saisons.
Par exemple l'Espagne consomme davantage d'électricité l'été que l'hiver. C'est l'inverse pour la France, qui exporte donc à son voisin espagnol durant la période estivale, "ce qui permet de rentabiliser notre parc nucléaire » nous glisse Thomas Pellerin-Carlin, directeur du programme Europe à l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE). Ce système "gagnant-gagnant" profite également aux fournisseurs d'énergie français, comme EDF, qui peuvent vendre une partie de leur production à l'étranger.
En retour, la France peut compter sur la production de ses voisins pour compléter ses besoins durant les mois les plus froids. Ces flux permettent de faire face aux variations de consommation d'énergie au sein d'une même journée. "Sans ce système d'interconnexions, on aurait des délestages permanents", estime Thomas Pellerin-Carlin.
La France dispose d’une cinquantaine d’interconnexions transfrontalières, lui permettant d'échanger de l'électricité avec la Grande-Bretagne, la Suisse, l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne et le Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg). Jusqu'à l'an dernier, notre pays était le premier exportateur européen net d'électricité.
En 2021, d’après les données de RTE, la France a livré davantage d'électricité à ses voisins (87,1 térawattheures) qu'il n'en a importé (44 TWh). Les principales exportations étaient à destination de la Suisse (21,7 TWh), de la Grande-Bretagne (19,7 TWh) et de l'Italie (18,8 TWh). A l'inverse, la France a majoritairement reçu de l'électricité venue de l'Allemagne et Benelux (22,2 TWh) ainsi que d'Espagne (8,7 TWh).
La France importe la quasi-totalité de son gaz. Elle bénéficie d'apports massifs venus de Norvège, acheminés grâce à une interconnexion située à Dunkerque (Nord), et de gaz naturel liquéfié (GNL) depuis les États-Unis, qui lui ont permis en partie de remplir ses stocks hivernaux à 100%. Les interconnexions permettent aussi de recevoir du gaz de Russie (17% des importations avant le début de la guerre) ou d'Algérie (8%).
Actuellement, la France détient plus de gaz que son voisin d’outre-Rhin. Elle a commencé à livrer du gaz à l'Allemagne le jeudi 13 octobre, directement via le point d'interconnexion à la frontière franco-allemande à Obergailbach (Moselle). GRTgaz a adapté son réseau et a inversé le sens de circulation du gaz dans les tuyaux. Jusque-là, ils transportaient du gaz vers la France, notamment en provenance de Russie.
Le Président Macron et le chancelier Scholz ont convenu que la France livre davantage de gaz à l'Allemagne, qui pourrait nous fournir en retour de l'électricité afin de compenser notre faible production nucléaire actuelle, qui fragilise notre autonomie énergétique.
Cette solidarité européenne pour les énergies est indispensable et vitale pour nos pays si interdépendants et qui vont devoir faire face à la période hivernale dans un contexte énergétique difficile. Il est primordial donc de la préserver pour s’assurer un hiver sans coupures ou délestages.
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