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Le projet d'enfouissement des déchets nucléaires de Bure déclaré d'utilité publique

Le 8 juillet dernier, le projet CIGEO d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure (Meuse) a été déclaré d’utilité publique dans le Journal Officiel. C’est une étape décisive de franchie pour ce projet qui suscite pourtant de nombreuses oppositions quant à sa dangerosité et son impact environnemental. Retour sur ce projet controversé.
Par Actu énergie
22 Juil 2022

Le projet Cigéo (Centre industriel de stockage géologique) est porté par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) depuis près de 30 ans. Il a pour objectif de stocker sur du long terme des déchets hautement radioactifs provenant des diverses centrales nucléaires françaises.

Le projet d’enfouissement de déchets nucléaires a donc été déclaré d’utilité publique le 8 juillet 2022, une réponse favorable à sa demande d’août 2020 auprès du Ministère de la Transition écologique. Celle-ci avait été suivie par une enquête publique et nécessitait un avis du Conseil d’Etat. Cigéo a été classé parmi les opérations d’intérêt national.

85 000m3 de déchets radioactifs stockés

Le projet qui doit être implanté à Bure, dans la Meuse, doit permettre de stocker jusqu’à 85 000 m3 de déchets hautement radioactifs dans des galeries souterraines. Cela représentera environ 3% des déchets nucléaires produits en France. Plus de la moitié de ces déchets sont déjà produits, pour la production d’électricité, et sont actuellement entreposés, en attendant d’être stockés sur le site de Bure. Près de 270 km de galeries souterraines seront creusées à 500m de profondeur pour l’entreposage des déchets, représentant une superficie totale de 15 km2.

Les déchets seront acheminés par voie ferroviaire, à raison de 5 trains par mois au début, puis 10 à 20 trains. Certains déchets radioactifs venant du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) en Côte d’Or arriveront par camions. Le projet va générer entre 600 et 2000 emplois pour la construction puis l’exploitation du site d’enfouissement.

Cigéo devrait être mis en service en 2035 et l’ensemble des déchets radioactifs stockés vers 2150. A cette date, le site sera fermé et mis sous surveillance.

Des expropriations à venir

La déclaration d’utilité publique autorise l’ANDRA à exproprier pour acquérir des terrains nécessaires à l’implantation du site. Ces expropriations devront être réalisées avant le 31 décembre 2037.

Des travaux d’aménagement préalables vont pouvoir être menés rapidement, tels que le raccordement en eau et électricité ou encore la construction de réseaux routiers et ferroviaires.

L'ANDRA va déposer une demande de création de centre de stockage auprès de l'ASN (Autorité de Sureté Nucléaire) avant la fin de l'année 2022. L’instruction devrait prendre entre 3 et 5 ans.

Le décret reconnaissant l’utilité publique de Cigéo ajoute que l’ANDRA devra prendre des mesures pour éviter et limiter les risques et effets négatifs sur l’environnement et la santé humaine.

Une « poubelle nucléaire » pour les opposants

Si l’objectif du projet est de protéger sur le très long terme l’Homme et l’environnement des déchets qui resteront radioactifs plusieurs centaines de milliers d’année, les opposants au projet et l’Autorité environnementale font part de leur inquiétude quant aux dangers et risques environnementaux.

De nombreuses associations et collectifs luttent depuis des années contre ce projet. L’annonce de la déclaration d’utilité publique a été jugée comme un « passage en force » par le Réseau Sortir du Nucléaire. Certains dénoncent des augmentations faramineuses des subventions aux structures publiques pour la rénovation d’infrastructures, de l’ordre du milliard d’euros ! Un lobbying puissant qui aurait, selon les opposants de Cigéo, permis au projet de franchir une nouvelle étape.

 

Le traitement et le stockage des déchets nucléaires hautement radioactifs est une préoccupation majeure pour les pouvoirs publics mais aussi pour les populations concernées par le projet d’enfouissement Cigéo. Si le projet continue son programme, les opposants n’entendent pas interrompre leur résistance. Une affaire à suivre…

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