Le gouvernement britannique souhaite renforcer la production domestique de son énergie afin de ne pas dépendre des importations, de pétrole ou de gaz notamment, et des fluctuations des marchés.
S’il veut favoriser le développement des énergies décarbonées et produites localement, du nucléaire à l’éolien offshore, le Royaume-Uni ne pourra pas, à court terme, se passer des énergies fossiles s’il veut assurer une autosuffisance énergétique et des factures moins élevées pour les britanniques.
Depuis plusieurs années, le Royaume-Uni mène une politique en faveur des énergies renouvelables, puisqu’il vise 95% d’électricité bas carbone d’ici 2030 ! Si le gaz naturel a fourni en 2022 la plus grande part de l’électricité (38,5%), l’éolien représente le fleuron de l’énergie renouvelable britannique.
En 2022, l’éolien a fourni en moyenne 26,8% de l’électricité du pays, atteignant même en février un record historique de 41,4% ! La filière a atteint une puissance moyenne record de 20,918 GW le 30 décembre dernier. Cette réussite donne des ambitions au gouvernement qui vise une production jusqu’à 50 GW grâce à l’éolien d’ici 2030 dont 5 GW grâce aux éoliennes en mer du Nord.
Les britanniques s’appuient également sur d’autres sources d’énergies renouvelables : la biomasse, le solaire ou encore l’hydrogène. Ils ont l’objectif d’atteindre jusqu’à 10 GW de capacité de production d’hydrogène à faible émission de carbone d’ici 2030, la moitié provenant potentiellement de l’hydrogène vert éolien. Le gouvernement cherche également à augmenter sa capacité d’énergie solaire de 14 GW à 70 GW d’ici 2035.
Les ambitions et les projets de production d’énergies renouvelables ne manquent pas au Royaume-Uni, une vision stratégique très positive pour la décarbonation de l’énergie et pour l’environnement. Cependant, ces énergies « vertes » ne suffiront pas pour assurer l’autonomie énergétique du pays.
Le Royaume-Uni prévoit d’accélérer sa production d’électricité nucléaire, notamment en misant sur de petits réacteurs modulaires (Small Modular Reactors – SMR) qui doivent être construits par Rolls-Royce. Le nucléaire ne représentait en effet que 15,5% du mix électrique en 2022, une faible part si l’on compare à la France et ses 70% d’électricité d’origine nucléaire. Or le nucléaire est désigné comme le seul moyen de sécuriser une production d’énergie stable et bas carbone.
La construction de la centrale d’Hinkley Point C et de ses deux réacteurs nucléaires par EDF a déjà accumulé plus de 3 ans de retard et son coût a explosé, passant d’une estimation en 2016 de 18 milliards de livres à 33 milliards ! La date de démarrage est prévue pour juin 2027, mais elle pourrait être repoussée de 15 mois supplémentaires selon les fermetures imposées par le gouvernement ou la guerre en Ukraine. Le pays attend avec impatience le lancement de la production électrique de cette centrale de nouvelle génération d’une puissance totale de 3,2 GW et qui évitera 9 millions de tonnes de CO2/an.
Afin de renouveler et agrandir son parc nucléaire, le Royaume-Uni ambitionne de lancer la construction de huit réacteurs supplémentaires d’ici 2030 et installer de petits réacteurs modulaires (SMR), pour atteindre jusqu’à 24 GW de capacité nucléaire d’ici 2050, soit suffisamment pour couvrir 25 % de la prévision de sa demande d’électricité.
Le gouvernement a défini des projets de constructions d’éoliennes flottantes en mer du Nord, afin d’atteindre une production de 5 GW d’ici 2030. Cependant, la mer du Nord sera un point central de la stratégie énergétique britannique pour une autre raison plus critiquée : l’extraction de pétrole et de gaz.
Plus de 90% des habitations sont chauffées au gaz, ce qui représente près d’un tiers de la consommation gazière du pays ! Pour assurer l’autosuffisance du pays en gaz et limiter la forte hausse des prix des énergies, le gouvernement a donc décidé de lancer des projets de forage afin d’alimenter le pays en gaz naturel et en pétrole. Cette exploitation des énergies fossiles en mer du Nord n’est prévue que sur du court terme, mais si la sécurité énergétique du Royaume-Uni semble menacée, il est à craindre que ces extractions persistent dans le futur.
À moyen et long terme, le gouvernement souhaite se débarrasser du gaz dans l’habitat, grâce à l’amélioration de l’efficacité énergétique des logements, avec un objectif d’ici à 2050 d’atteindre 100 % des logements à la fois bien isolés et chauffés avec une électricité bas carbone, produite à partir d’énergies renouvelables et des centrales nucléaires.
La stratégie énergétique du Royaume-Uni est donc fortement critiquée. Les opposants et les organisations environnementales reprochent au gouvernement d’avoir choisi le nucléaire au détriment des énergies renouvelables et de relancer les énergies fossiles par les extractions de gaz et pétrole en mer du Nord. Ce dernier veut réduire sa dépendance aux importations le plus possible et proposer une énergie abordable aux citoyens britanniques. Sa stratégie énergétique repose donc sur une production domestique, s’appuyant à la fois sur les énergies renouvelables, fossiles et nucléaire. Un choix étrange et contesté, mais visant la sécurité énergétique du pays.
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