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Où en sont les travaux dans nos centrales nucléaires?

L’hiver approche et notre production électrique nucléaire française est au plus bas, en raison des nombreuses centrales qui étaient à l’arrêt début septembre en raison des travaux ou des problèmes de corrosion sur une partie de leurs réacteurs nucléaires. EDF s’est engagé à redémarrer tous les réacteurs pour cet hiver. Où en sont ces travaux dans nos centrales nucléaires et du redémarrage des différents réacteurs à l’arrêt ? Doit-on s’inquiéter pour cet hiver ? Faisons le point.
Par Actu énergie
28 Oct 2022

Début septembre, suite à la demande de la Première Ministre, EDF a annoncé que tous les réacteurs nucléaires français allaient redémarrer d’ici début 2023 afin d’assurer l’alimentation électrique pour l’hiver. A cette date-là, 32 réacteurs sur 56 étaient à l’arrêt en raison d’opérations de maintenance ou pour des problèmes de corrosion.

Des redémarrages au fur et à mesure

Selon le programme de redémarrage, 12 réacteurs devaient redémarrer dès le mois de septembre puis les autres doivent suivre au fur et à mesure chaque mois : 4 en octobre, 7 en novembre, 4 en décembre. Avant Noël, ce sont ainsi 27 réacteurs qui devraient être ainsi remis en service, puis 5 autres d’ici février 2023.

Finalement, en septembre, 8 réacteurs nucléaires (Blayais 3, Cruas 4, Gravelines 2, Gravelines 5, Paluel 2, Dampierre 1, Bugey 2 et Saint-Laurent 1) ont pu redémarrer, malgré quelques jours de retard pour certains. En revanche, 3 réacteurs (Gravelines 3, Cruas 3, Bugey 4) devront attendre novembre et le redémarrage de Gravelines 4 a même été repoussé à janvier 2023.

Pour 4 réacteurs (Flamanville 2, Dampierre 2, Saint-Alban 2 et Tricastin 3), la date de fin des opérations de maintenance prévue pour octobre a dû être retardée de plusieurs semaines. Ainsi, ce sont actuellement 14 redémarrages qui sont pour le moment programmés en novembre.

Les mouvements sociaux retardent les redémarrages

La plus grande centrale nucléaire de France, celle de Gravelines (Nord), a été affectée ces derniers jours par un mouvement de grève. C’est également le cas sur les sites de Cruas (Ardèche), de Belleville-sur-Loire (Cher), du Bugey (Ain), du Tricastin (Drôme), de Dampierre-en-Burly (Loiret), de Paluel (Seine-Maritime), de Saint-Alban (Isère) et de Cattenom (Moselle).

En conséquence, EDF a dû repousser le redémarrage de cinq réacteurs nucléaires (Cattenom 1, Cruas 2 et 3, Saint-Alban 2 et Tricastin 3), sans toutefois préciser dans quelle mesure ces retards étaient liés au mouvement social. Les retards vont d'un jour à près de trois semaines selon les réacteurs.

Les réparations liées aux problèmes de corrosion avancent lentement

La bonne nouvelle annoncée début octobre par EDF, ce sont les travaux de réparation de trois réacteurs nucléaires (Bugey 4, Chinon B3 et Cattenom 4) qui sont enfin terminés. Ils étaient à l'arrêt depuis plusieurs mois en raison de la découverte de corrosions sur des tuyauteries d'injection de sécurité. Ils devraient normalement redémarrer courant novembre.

Cependant, à la centrale de Flamanville qui couvre la moitié des besoins électriques en Normandie, les deux réacteurs sont encore à l'arrêt. Le redémarrage du réacteur n° 2 vient d'être repoussé une nouvelle fois. Alors qu'une reprise était prévue pour le 9 octobre, il faudra attendre au moins jusqu'au 26 novembre, car la réparation des corrosions s'éternise.

Après leur découverte, il a fallu découper quatre tronçons du circuit d'injection de sécurité pour les faire analyser. Puis construire quatre nouveaux tronçons pour remplacer les anciens. Sauf qu'un incident technique s'est produit, en septembre, lors de l'installation d'un premier tronçon. Cela a nécessité une nouvelle opération d’usinage. Ces réparations sont donc très longues et leur livraison est incertaine. Pour la remise en route du réacteur n°1, il faudra attendre le 25 décembre, si tout va bien.

EDF est en retard par rapport à son calendrier de redémarrage. Le niveau des capacités de production atteint environ 30 GW, alors que selon le calendrier d’EDF, il devrait être à 36 GW. Un manque de 5-6 GW correspondant à l'équivalent des capacités de production de trois réacteurs nucléaires.

32 milliards de pertes en 2022

EDF a encore revu l'impact financier de la baisse de sa production électrique pour 2022 à 32 milliards d'euros, contre 29 milliards annoncés en septembre. Ces lourdes pertes sont le dur résultat de la faible production électrique nucléaire, avec des centrales nucléaires à l'arrêt pour maintenance ou pour des problèmes de corrosion, mais aussi par l'obligation de vendre une large partie de sa production nucléaire à bas prix.

Il est donc primordial pour le géant électricien français de relancer son activité nucléaire, à la fois pour sa santé économique mais aussi pour assurer les besoins énergétiques du pays.

 

Mais son calendrier de redémarrage est-il raisonnable ou trop optimiste ? La question se pose surtout pour les neuf réacteurs qui sont victimes de problèmes de corrosion ou soupçonnés de l’être. L'autorité de sûreté nucléaire (ASN) n’autorisera aucun redémarrage sans son feu vert, ce qui fait dire à certains spécialistes que le calendrier d’EDF est utopiste. Le géant électricien français se veut lui rassurant, et précise que l’hiver dernier 17 réacteurs étaient inactifs sans que cela entraîne de coupure. Une situation qui reste préoccupante et sur laquelle veille avec grande attention le Gouvernement.

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