A la sortie de l’été, certaines prévisions étaient pessimistes pour cet hiver : la faible production nucléaire d’électricité et l’inquiétude concernant nos approvisionnements en gaz faisaient redouter un risque de pénurie pendant la période hivernale, quand la consommation en énergie est forte.
Pourtant, grâce aux efforts des industriels et des particuliers, et au concours de températures hivernales très clémentes, la consommation en gaz a baissé cet hiver. Elle a notamment diminué de 12,2% en décembre dernier. Les stocks de gaz sont ainsi restés au plus haut. Ces différents éléments engendrent ainsi depuis plusieurs mois un phénomène inattendu à l’été 2022 : le prix du gaz baisse.
En effet, après avoir atteint un pic en août 2022, face à la crainte de pénurie cet hiver, le cours du gaz n’a cessé de baisser au cours des derniers mois. La sobriété énergétique réclamée par les différents gouvernements européens et les dispositions prises pour assurer un remplissage des stocks de gaz ont permis de faire face à la crise énergétique et ont engendré une réduction de la demande en gaz, et donc de son prix.
Fin janvier, le prix du mégawattheure de gaz était revenu à un niveau similaire à celui de juin 2022, juste avant l’envolée des prix l’été dernier. Par exemple, le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne du cours du gaz, s’échangeait à 54,005 € le mégawattheure (MWh). Il était même descendu à 51,405 €, un prix qui n’avait plus était atteint depuis début septembre 2021 ! Soit plusieurs mois avant même le début du conflit en Ukraine et toutes ses conséquences sur le marché des énergies.
Avec notre système de protection des consommateurs des fluctuations du cours du gaz, les factures ne varient pas en temps réel selon le cours du gaz du jour (marché spot), fort heureusement ! Les tarifs présents sur nos factures prennent en compte plusieurs éléments.
Il y a tout d’abord dans le prix de détail une partie approvisionnement. Elle correspond à une moyenne des coûts d’approvisionnement de nos fournisseurs, qui n’achètent pas du « gaz spot » tous les jours. Ils disposent d’un portefeuille d’achat qui comprend des achats au jour le jour mais aussi des contrats. S’ajoutent des coûts de gestion du réseau et enfin la marge du détaillant.
Le tarif est ensuite supervisé par la Commission de Régulation de l’Energie (CRE), qui décide chaque mois si un ajustement sur les tarifs doit être appliqué.
Les fournisseurs vont devoir « lisser » leur tarif, après avoir acheté du gaz au prix fort pendant plusieurs mois en 2022. Si tous ces phénomènes de baisse continuent au cours du mois de février, les tarifs du gaz sur nos factures devraient être revus à la baisse d’ici deux mois.
Il va donc falloir attendre encore un peu avant d’observer une baisse sur nos factures de gaz. Cependant, rien n’est garanti. Avec des températures qui baissent, la demande pourrait repartir à la hausse et avoir un impact sur le prix que nous paierons. Mais alors pourrait se poser la question de savoir quel sera le plus avantageux entre le bouclier tarifaire ou le coût déterminé par l’approvisionnement sur le marché spot.
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