Les SMR (Small Modular Reactors) sont au sens littéral de petits réacteurs nucléaires modulaires. Ils affichent une puissance comprise entre 25 et 500 MW, contrairement aux réacteurs actuels, oscillant plutôt entre 900 et 1 600 MW pour l’EPR français, le plus puissant du marché.
On les appelle « modulaires » car leur design est très intégré et surtout standardisé, ils peuvent ainsi être produits en série et installé en grappe. Cette nouveauté permettant de faire baisser les coûts de construction et d’exploitation
La plupart des projets de construction de SMR se base sur la technologie du nucléaire civil actuel : dite de 3ème génération, elle utilise de l’eau légèrement bouillante ou de l’eau pressurisée.
Cependant, des pays comme la Chine, la Corée du Sud, le Japon ou encore le Canada, développent des SMR de 4ème génération, utilisant une technologie à sels fondus, gaz haute température ou neutrons rapides. Ces technologies sont moins matures, mais elles ont l’avantage d’être plus adaptées pour décarboner certains processus industriels électrochimiques. Dans ce cas-là, on peut parler de réacteur modulaire avancé (AMR – Advanced Modular Reactor).
Le principal avantage du SMR réside dans sa technologie de « sûreté passive », avec le réacteur et le refroidissement dans une même enceinte hermétique. Il serait alors insensible aux aléas climatiques et pourrait fonctionner avec un minimum de pilotage.
L’autre avantage majeur est la possibilité d’une production en série, permettant de baisser les coûts et de développer une filière industrielle. Cependant, les concurrents sont nombreux et tous les pays constructeurs ne réussiront pas à venir à bout de cette course internationale.
Les technologies utilisées pour ces SMR ne sont pas encore suffisamment matures. De plus, elles ne solutionnent toujours pas le problème des déchets nucléaires. Des années de recherche et d’innovation seront encore nécessaires pour combler ce déficit technologique.
Ces SMR permettront de compléter ou augmenter la production d’électricité d’origine nucléaire, mais pas seulement. Ils serviront à la production de chaleur, à terre ou sur barge, au plus près des besoins et des usages, notamment dans des zones isolées.
Ils seraient également des remplaçants idéaux des centrales électriques au fioul ou au charbon, pouvant même réutiliser les infrastructures existantes. En France, l’objectif sera également de profiter de ces SMR pour la production d’eau douce ou d’hydrogène bas carbone.
Technologie en développement depuis une vingtaine d’années, désormais on dénombre plus de 70 projets de SMR dans le monde entier. Un seul est actuellement en production, en Sibérie orientale sur une barge en mer. D’autres projets sont en construction en Chine ou en cours de commercialisation aux Etats-Unis.
Malgré son savoir-faire reconnu mondialement sur le nucléaire, la France a pris du retard dans la course aux SMR. Après avoir misé en premier lieu sur l’export de ses EPR et sur le développement de ses EPR 2, le gouvernement français a enclenché la marche en avant. Dans le cadre du plan France 2030, le Président de la République a annoncé en 2021 une nouvelle enveloppe d’1 milliard d’euros pour que le pays développe ses petits réacteurs modulaires. L’objectif était de « faire émerger en France, d’ici 2030, des réacteurs nucléaires de petite taille, innovants, avec une meilleure gestion des déchets », avait indiqué Emmanuel Macron.
La moitié de cet investissement gouvernemental est théoriquement réservée au financement du projet de SMR Nuward, piloté par EDF, en consortium avec le CEA, TechnicAtome et Naval Group. D’une puissance de 170 MW à eau pressurisée (génération 3+), il ne sera pas commercialisé avant 2035 et pourrait être construit en France, pour démontrer la capacité française ou encore pour faire face à la croissance de la demande en électricité d’ici 2050, liée à l’électrification des transports et de l’industrie.
L'autre moitié de l’enveloppe à 1 milliard a pour vocation de faire émerger des réacteurs innovants, de génération 4, la filière hexagonale misant sur la recherche technologique afin de se différencier de sa concurrence étrangère. Ce nouvel élan insufflé par le plan France 2030 a permis la création d’une dizaine de start-up françaises spécialisées dans les SMR.
Le retard pris dans la course internationale aux SMR n’est donc peut-être pas préjudiciable. La France mise désormais sur l’innovation pour ses petits réacteurs modulaires nucléaires, afin de tirer son épingle du jeu.
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