Le gouvernement français a lancé son plan France 2030, pour accélérer le déploiement de projets de production, raffinage ou recyclage de « métaux critiques » pour favoriser l’objectif industriel d’une production française de batteries et véhicules électriques.
En effet, très peu de batteries sont produites sur le sol européen. En 2020, seulement 3% de la production mondiale provenait du Vieux Continent. Mais l’Europe a pour ambition d’augmenter considérablement sa production et ambitionne à l’horizon 2025 de représenter un quart des batteries du monde entier !
Une ascension vertigineuse qui en inquiète beaucoup. En effet, si les véhicules électriques ne polluent pas contrairement à ceux équipés de moteurs thermiques, la production de leurs batteries n’est pas neutre en carbone. Pour encadrer l’impact environnemental de ces batteries et réduire leur bilan carbone, l’Union européenne vient de dévoiler une série de mesures et règles pour les fabricants qui souhaiteront vendre en Europe à partir de juillet 2024.
Dès juillet 2024, toutes les batteries électriques des véhicules légers (scooters ou vélos électriques), de voitures électriques et les batteries industrielles d'une capacité de plus de 2 kWh vendues en Europe disposeront d’une étiquette "d'empreinte carbone" et d’un QR code. Cette étiquette présentera le niveau total de CO2 dégagé, de l’extraction minière à la production en passant par le recyclage. Toutes les informations relatives à leur capacité, leur performance, leur durabilité, leur composition chimique ainsi qu’un symbole de "collecte séparée" seront également disponibles.
À partir de 2027, toutes ces données serviront à définir une limite d’émission de CO2 pour les batteries, un barème d’émission de CO2 en quelque sorte, comme pour les voitures thermiques. A la différence que ne seront pas pris en compte les émissions à l’échappement, mais bien lors de la production. L’objectif de l’Union européenne est d’imposer cette limite pour s’assurer que les entreprises fabriquent des batteries avec des énergies propres et non avec des carburants fossiles.
D’autres mesures importantes et ambitieuses ont été dévoilées. La principale consiste en l’obligation pour les constructeurs de téléphonie de fabriquer des appareils dont la batterie amovible pourra être retirée et remplacée par l'utilisateur.
Le recyclage sera également un cheval de bataille européen. Les entreprises utilisant des batteries dans leurs produits devront atteindre un taux de collecte de 45 % pour les batteries portables, pour ensuite passer à 63 % en 2027 et à 73 % en 2030. Ces taux sont à peine moins ambitieux pour les batteries de véhicules légers, qui devront s'établir à 51 % en 2028, puis à 61 % en 2031. A titre d’exemple, actuellement chez Tesla 92 % des matériaux présents dans les batteries sont recyclés. Volkswagen vise un taux proche de 100 %
Des taux de recyclage par métaux vont même être appliqués : dès 2027, les fabricants devront récupérer 90 % du nickel et du cobalt utilisés, puis 95 % à partir de 2031. Ils devront aussi récupérer 50 % du lithium en 2027, puis 80 % en 2031. Grâce à ces mesures obligataires, l’instance européenne souhaite qu’à l'horizon 2031, 6 % du lithium, 6 % du nickel, 16 % du cobalt et 85 % du plomb utilisés dans la confection de nouvelles batteries soient issus du recyclage.
Autres éléments qui seront contrôlés : les fabricants devront scrupuleusement respecter les règles relatives aux droits humains et environnementaux. Ainsi de nombreux problèmes allant de la pollution de l’eau aux droits des communautés seront surveillés tout le long de leurs chaînes d’approvisionnement.
Les mesures de l’Union Européenne s’annoncent donc très ambitieuses mais indispensables pour contrôler le bilan carbone de ses batteries. L’objectif est d’accompagner la transition énergétique vers plus de véhicules électriques et assurer la production de batteries européennes, durables, écologiques et recyclables. La principale crainte sera cependant de voir leurs prix s’envoler dans les années à venir.
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