Les prix des énergies se sont envolés, impactant tous les Français, particuliers, entreprises mais aussi les différentes collectivités territoriales. Pour faire face à la crise énergétique, outre des mesures de sobriété énergétique, certaines communes ont décidé de se tourner vers une alternative renouvelable et locale : la géothermie de surface.
Une technologie de chauffage peu développée en France, mais qui devrait avoir de nouveau le vent en poupe au cours des prochaines années grâce à ses nombreux atouts. A la filière énergétique de s’organiser pour exploiter ce fort potentiel qui pourrait séduire un très grand nombre de communes.
Notre sous-sol renferme un gisement quasi inépuisable d’énergie. La « géothermie de surface » consiste à récupérer la chaleur du sous-sol à une profondeur généralement située entre 0 et 200 mètres, à des températures inférieures à 30°C. Lorsque l’on fore à plusieurs kilomètres, généralement autour de 2 kilomètres, on parle alors de « géothermie profonde », les eaux chaudes sont alors à des températures bien plus élevées, de 30°C jusqu’à plus de 150°C.
À l’aide de sondes géothermiques, cette chaleur sous-terraine va être transférée grâce à un fluide dit « caloporteur », composé d’eau et d’antigel, vers un échangeur thermique de type pompe à chaleur.
Selon la saison et les besoins, la géothermie peut être utilisée pour le chauffage ou le rafraîchissement des logements, individuels comme collectifs, ou encore des bâtiments publics et tertiaires. Elle permet également la production d’électricité à partir de la chaleur récupérée.
A l’heure actuelle, cette technologie vertueuse est trop peu valorisée en France. Une soixantaine de réseaux de chaleur urbains sont alimentés par la géothermie profonde, principalement en Ile-de-France, où environ 300 000 personnes sont chauffées grâce à ce système. Deux centrales électriques fonctionnent également avec la géothermie : une à Bouillante, en Guadeloupe, mise en service en 1986 et une autre à Soultz-sous-Forêts (Bas-Rhin). La géothermie ne fournit que 3 % de la chaleur renouvelable, ce qui ne représente qu’un peu plus de 1 % de la chaleur produite sur notre territoire. Quant à la production de froid, elle est dérisoire.
Pourtant la géothermie est une technologie existante depuis plusieurs dizaines d’années. Des réseaux de chauffage à base de géothermie ont commencé à se développer dans l’Hexagone dès les années 1980. Juste après le choc pétrolier de 1979, la géothermie était alors très compétitive par rapport aux énergies fossiles. Ensuite, au fil des années 1990 et 2000, la tendance s’est inversée et donc les projets de géothermie se sont ralentis.
Avec la flambée des prix des énergies, la géothermie redevient une alternative rentable. De nombreux projets de production de chaleur ou d’électricité par géothermie profonde sont en cours, en Ile-de-France, en Guadeloupe, en Alsace, dans le Massif Central, dans les Pyrénées, dans la Vallée du Rhône et à la Réunion.
Il existe actuellement en France environ 200 000 installations de géothermie de surface, qui peuvent chauffer des bâtiments collectifs ou des logements individuels. En Ile-de-France, les réseaux de géothermie se multiplient. Ils vont puiser de l’eau chaude contenue dans les sous-sols à environ 2000 mètres de profondeur. À cette profondeur, la chaleur puisée est suffisante pour chauffer logements et bâtiments collectifs, pas pour produire de l’électricité. Le réseau de Viry-Châtillon (Essonne) est en train de s’étendre et alimente notamment la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. Un nouveau réseau de chaleur en géothermie va entrer en fonction d’ici trois ans pour alimenter 20 000 logements sur les communes des Lilas, du Pré-Saint-Gervais et de Pantin (Seine-Saint-Denis).
Aux Antilles, outre la centrale de Bouillante, de nouvelles installations pourraient voir le jour pour exploiter le fort potentiel géothermique des îles, de par leur origine volcanique. La géothermie peut y être de « haute énergie ». Non polluante, cette énergie est disponible 24h/24 et est résiliente aux évènements climatiques tels que les cyclones, fréquents dans cette région du globe.
En Alsace, en revanche, quatre projets de centrales géothermique pour produire de l’électricité sont actuellement à l’arrêt en raison de séismes provoqués par les forages à Vendenheim, au nord de Strasbourg. Des milliers d’habitants ont vu leurs maisons endommagées. Forages mal réalisés, trop vite, trop profonds ? Depuis la catastrophe de Vendenheim, les projets de géothermie profonde suscitent de fortes oppositions dans la population alsacienne et alertent sur les risques liés aux forages en profondeur. De véritables freins au développement de cette filière.
Si des communes commencent à se tourner vers cette source d’énergie, le Gouvernement et le Haut-commissariat au Plan entendent accélérer et favoriser le développement de cette technique pour la production de chaleur et de froid.
La Ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, et le Haut-Commissaire au Plan, François Bayrou, ont établi une feuille de route pour faire décoller ce secteur de la géothermie de surface en France. Le fort potentiel de la chaleur renouvelable doit être exploité et la géothermie de surface doit trouver sa place dans le mix énergétique français. Une source d’énergie locale et illimitée, il ne faut pas passer à côté !
Formation des professionnels, développement des capacités de forage et de l’offre de systèmes de chauffage, incitation aux investissements et cartographie plus précise des gisements représentent les principaux axes de développement établis par le Haut-Commissariat au Plan et soutenu par le ministère.
Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) estime à 100 TWh annuels le potentiel d’économie de gaz accessible d’ici 15 à 20 ans grâce à la géothermie de surface. Ce qui permettrait de convertir environ 4 millions de maisons individuelles chauffées au fioul ou au gaz. Les objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie PPE pour la France métropolitaine sont d’atteindre entre 4 et 5,2 TWh d’énergie géothermique en 2028 contre 2,9 TWh estimés en 2023.
Aujourd’hui, la filière de la géothermie de surface se structure progressivement et plusieurs projets voient le jour, en métropole comme dans les territoires ultra-marins, laissant présager d’une augmentation de la capacité installée dans les années à venir. Cette énergie se trouve sous nos pieds, autant en profiter !
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