Mots-clés :

En manque d'eau, la production énergétique est menacée !

La hausse des températures liée au dérèglement climatique provoque la sécheresse de nos cours d’eau. Le manque de cette ressource naturelle peut impacter fortement certaines activités de production d‘énergie comme le nucléaire ou l’hydroélectrique. Une menace supplémentaire sur notre sécurité et autonomie énergétiques.
Par Actu énergie
28 Avr 2023

Dans nos articles précédents, nous vous avions présenté le rôle essentiel joué par l’eau pour la production énergétique mondiale. Nucléaire, hydroélectricité, hydrogène, extraction de métaux rares pour la production de batteries électriques… de nombreuses filiales sont dépendantes de l’eau.

Or cette ressource naturelle est impactée par la hausse des températures. La sécheresse touchant nos cours d’eau peut alors avoir des conséquences néfastes pour notre production énergétique.

Menace sur l’activité nucléaire

Afin de refroidir leurs installations, les centrales nucléaires prélèvent de l'eau provenant de la mer ou de cours d'eau. Cette eau est ensuite rejetée plus chaude qu'elle n'a été prélevée sous forme liquide ou gazeuse. La réglementation environnementale impose un débit minimum et une température maximale de 28°C du cours d’eau en aval des centrales, afin de maintenir des conditions vivables pour la faune et la flore aquatiques, sans quoi l’activité serait un désastre pour notre éco-système.

Lors d'une période prolongée de sécheresse ou de canicule, le niveau des cours d'eau est généralement plus bas et leur température plus élevée. Les centrales nucléaires doivent alors adapter et limiter leur fonctionnement. Des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents, conséquences directes du dérèglement climatique.

Les débits faibles des fleuves français empêchent tout rejet

La production de nos centrales nucléaires se trouve directement impactée car de nombreux réacteurs ont dû réduire leur activité ou être mis à l’arrêt pendant des épisodes de sécheresse en 2022.

En raison du faible débit des fleuves français l’an dernier, tels que la Loire, la Seine, la Garonne ou la Meuse, EDF a dû diminuer la production de plusieurs de ses réacteurs nucléaires. Ce fut particulièrement le cas pour les centrales implantées sur les bords du Rhône :  Bugey (Ain), Tricastin (Drôme) et Saint-Alban (Isère).

Tout rejet radioactif est alors interdit sur des périodes de quelques jours. Ces rejets radioactifs sont stockés dans des réservoirs de secours prévus à cet effet et autorisés par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

L’énergéticien français relativise l’impact de cette réduction d’activité, arguant que les pertes de production pour cause de températures élevées de cours d'eau ont représenté 0,3% de la production nucléaire annuelle depuis 2000. Pourtant, la précocité dans l’année de cette sécheresse et la fréquence accrue de ce phénomène inquiètent pour l’avenir. Les centrales français pourraient faire face à une contrainte hydrique majeure qu’il faudra mesurer et appréhender.

Chute de la production hydro-électrique en 2022

Les centrales hydroélectriques et les 640 barrages exploités par EDF représentent plus de 11% du mix énergétique français. Cette production hydro-électrique a connu en 2022 une forte baisse, dans les mêmes proportions que le nucléaire (- 22,4% par rapport à 2021), atteignant péniblement 32,4 TWh, son plus bas niveau depuis 1976 !

Cette plus faible production hydraulique s’explique par les températures plus élevées qui ont mis à sec les barrages, 2022 ayant été l’année la plus chaude jamais enregistrée en France ! Une menace pour notre sécurité énergétique, l’hydraulique jouant un rôle de régulateur et permettant d’adapter la production électrique selon les pics de consommation périodiques.

 

Ces phénomènes de sécheresse et de canicule sont amenés à devenir très fréquents et constituent ainsi une sévère menace pour notre production d’électricité. Il apparaît donc indispensable de mieux appréhender ce problème de l’eau particulièrement pour le refroidissement des centrales nucléaires, notamment pour les projets de futurs EPR2.

Sur le même sujet

Comment EDF veut augmenter sa production nucléaire d'ici 2030

Pour faire face à la croissante et massive électrification de nos usages, mais aussi satisfaire pleinement la demande en électricité actuelle, EDF va devoir augmenter sa production nucléaire. Il doit impérativement retrouver un volume de production nucléaire autour de 360 térawattheure en 2030, contre 280 TWh en 2022 ! L’électricien national promet même d’aller jusqu’à 400 TWh ! Mais comment compte-t-il s’y prendre ? Voici quelques éléments de réponse.

La stratégie française pour sortir des énergies fossiles d'ici 2050

Le gouvernement, par la voix de sa ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, a dévoilé sa stratégie énergétique à l’horizon 2050. Intitulée « Stratégie française pour l’énergie et le climat (SFEC) », elle s’appuie sur deux grands piliers pour sortir des énergies fossiles : les énergies renouvelables et la sobriété énergétique.
1 2 3 12
userscrossmenu linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram