Alors que le ministre du Logement, Olivier Klein, avait assuré en avril que l’interdiction des chaudières gaz dans l’habitat ancien n’était pas d’actualité, l’annonce d’Elisabeth Borne du projet d'élimination des nouveaux équipements en chaudières à gaz devant le Conseil National de la Transition Ecologique le lundi 22 mai dernier a eu l’effet d’une bombe.
La réaction des filières professionnelles a été immédiate, contestant l’idée de supprimer les chaudières gaz mais aussi le timing annoncé de 2026 et demandant une concertation avec le gouvernement pour revenir sur ce plan d’action en décalage avec la réalité selon les professionnels du secteur.
Dès le lendemain de cette annonce, Coénove, association regroupant des acteurs majeurs de l'efficacité énergétique dans le bâtiment, a publié un communiqué fustigeant la possible interdiction de nouvelles chaudières qui « serait un contre-sens historique, au moment même où elles affichent leur compatibilité avec le gaz vert », une énergie renouvelable et produite en France.
L’association souligne que la filière des professionnels du gaz représente plusieurs centaines de milliers d'emplois, qui seraient ainsi menacés si ce plan d’action venait à entrer en application.
La Fédération française du Bâtiment et l’UMGCCP (Union des Métiers du Génie Climatique, de la Couverture et de la Plomberie) ont également dénoncé cette annonce, réclamant une concertation avec le gouvernement.
Dans une lettre ouverte adressée à Elisabeth Borne, le président du Synasav, Roland Bouquet, lui fait part de son "extrême surprise" entre " le décalage de ses annonces et la réalité ". Pour le patron des professionnels de la maintenance, "la vision technocratique et simpliste d’exclure les chaudières gaz à court terme en les réduisant à une dimension « fossile » parce qu’elles peuvent fonctionner au gaz fossile, c’est oublier un peu vite que ce sont des générateurs qui fonctionnent aussi bien au biométhane ou à l’hydrogène, au bois et même à l’électricité ".
De plus, il insiste sur la pertinence de conserver l'installation de chaudières THPE en remplacement des six millions de chaudières basse température, permettant 20 à 30 % de consommation en moins immédiatement.
Les associations professionnelles alertent sur le choix absurde et dangereux de ne miser que sur la pompe à chaleur. Coénove rappelle que les pompes à chaleur coutent environ 10.000 € de plus qu'une chaudière gaz performante "avec une durée de vie moindre et des coûts de maintenance supérieurs".
S'il admet que la technologie des PAC est excellente notamment dans le neuf, le président du Synasav alerte aussi sur l'attention qu'elle nécessite en matière d’entretien. En effet, selon une étude menée par le Synasav, une PAC non entretenue a une surconsommation de 20 % dès la deuxième année. Or plus de 50% des PACS ne sont pas entretenues, très souvent par faute de moyens financiers.
Pour l’UFC Que choisir, supprimer les chaudières gaz au profit des PACS serait « une catastrophe pour le pouvoir d’achat », sachant que près de 12 millions de foyers sont alimentés au gaz. L’association de consommateurs redoute une explosion des arnaques, des installations bâclées, mais aussi une explosion du prix des équipements de chauffage.
Depuis plusieurs semaines, tous les professionnels, installateurs ou encore fournisseurs d’énergie se sont opposés à cette annonce gouvernementale. Dans un tel contexte, le gouvernement a ouvert une phase de concertation publique, principalement tournée vers les acteurs du secteur, pour "échanger sur les solutions alternatives aux chaudières fossiles (fioul, gaz)", sachant que l'interdiction d'installer des nouvelles chaudières au fioul est déjà en vigueur depuis juillet 2022.
Cette « concertation sur la décarbonation des bâtiments » est ouverte en ligne jusqu'au 26 juillet sur le site du Ministère de la Transition énergétique.
Plusieurs réunions sont également programmées avec les professionnels, les élus, les énergéticiens, les fabricants, ou encore les associations de consommateurs. Elles devraient permettre aux acteurs du secteur de partager leurs doléances et tenter de faire infléchir le gouvernement sur les mesures à venir et les futurs textes de loi sur la décarbonation du bâtiment. Une première réunion a d’ores et déjà eu lieu lundi 12 juin avec les ministres concernés. Pour les différentes organisations professionnelles, "ce n'est pas la chaudière qu’il faut bannir, mais le gaz qu'il faut verdir".
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