Depuis la fin des années 90, l’Allemagne a entrepris un tournant énergétique (« Energiewende » en allemand). L’objectif est d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2045, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 65% d’ici 2030 en misant sur les énergies renouvelables et en abandonnant le nucléaire et le charbon.
Malheureusement la crise énergétique de 2022 est passée par là et la transition énergétique opérée par nos voisins allemands s’en retrouve impactée.
Ce « tournant énergétique » de l’Allemagne est symbolisé par le développement des énergies renouvelables dans le secteur électrique depuis plus de 20 ans. Cette orientation stratégique de l’énergie allemande repose sur la loi sur la promotion des énergies renouvelables mise en place en 2000 et le concept énergétique publié en 2010.
Le gouvernement vise une part des énergies renouvelables de 80% dans la consommation brute d´électricité d´ici 2030 et 30% de la consommation d’énergie finale. En 2022, la part des énergies renouvelables en Allemagne a atteint 20,4%, une augmentation de 1,2 point par rapport à 2021. 52% provenaient de la production d’électricité à partir de sources d’énergies renouvelables grâce au photovoltaïque (60,8 TWh), à l’éolien (125,3 TWh), à l’hydraulique (17,5 TWh) et à la biomasse (50,2 TWh).
Cependant l´Union européenne et les eurodéputés se sont accordés fin mars 2023 sur un nouvel objectif d´une part d´au moins 42,5% des énergies renouvelables dans la consommation énergétique à l´horizon de 2030 ! Il va donc falloir revoir les objectifs à la hausse.
Un défi de taille, d’autant plus que l´électrification accrue dans le domaine de la mobilité (véhicules électriques, transport ferroviaire), de l´habitat (pompes à chaleur), la production de batteries, le numérique et la génération d´hydrogène par électrolyse vont engendrer une consommation électrique brute estimée à 750 TWh en 2030. Il est donc nécessaire d’accélérer significativement la production d’électricité d’origine renouvelable au cours des prochaines années pour atteindre les objectifs européens.
En 2002, le gouvernement fédéral de Gerhard Schröder avait convenu d'une sortie du nucléaire avec les fournisseurs d’électricité allemands. Mais suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon, en 2011, l’abandon définitif du nucléaire a été fixée à fin 2022. Les dernières centrales nucléaires se sont finalement arrêtées le 16 avril 2023 en déconnectant ses 3 derniers réacteurs.
Si les écologistes ont célébré cette sortie du nucléaire à Berlin, cet arrêt définitif pose question et pourrait mettre le pays dans une situation délicate. L’Allemagne se passe d’une énergie faible en émission de carbone et qui représentait encore 6% des besoins en électricité outre-Rhin. Nos voisins vont devoir compenser l’arrêt du nucléaire en accélérant le développement des énergies renouvelables, tout en misant également sur le charbon, extrêmement polluant !
la loi, l’Allemagne a dû relancer ses centrales à charbon pour assurer sa sécurité énergétique en 2022.
Très dépendante du gaz et du charbon provenant à 50% de Russie, notre pays voisin a subi de plein fouet la crise énergétique. Les allemands ont donc fait le choix paradoxal de maintenir leur sortie du nucléaire et d’augmenter la production d’électricité à partir du charbon.
D'ailleurs, avant même la guerre en Ukraine, l'Allemagne avait déjà, en 2021, été dans la nécessité d'augmenter la production des centrales électriques au charbon de 22% en raison de la baisse de 15% de la production éolienne.
Des décisions catastrophiques pour le climat et qui vont à l’encontre des politiques énergétiques et environnementales prises depuis plusieurs décennies. En maintenant ses centrales à charbon actives, Berlin assure certes l’autonomie énergétique du pays mais elle impacte fortement sa transition énergétique et l’atteinte des objectifs de neutralité carbone annoncés par l’Allemagne et l’Europe.
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